Je parlais hier de l'expo photos visible en ce moment à Dialogues. A ne pas rater non plus : la conférence de Nathalie Skowronek mardi prochain à 18h au café de la librairie. J'ai lu Karen et moi le mois dernier, d'abord pour des raisons professionnelles. Et puis, dès les premières lignes, le devoir s'est transformé en plaisir total.
Nathalie Skowronek, passionnée par Karen Blixen depuis l'enfance, entreprend de raconter la vie de l'auteure danoise. C'est finalement la propre existence de Skowronek qui émerge et se superpose à celle de Blixen. Et les deux femmes se retrouvent liées par les mêmes angoisses, les mêmes espérances, la même soif d'absolu et d'idéal.
Voici quelques lignes de Karen et moi :
J'ai été une petite fille solitaire et sauvage. Avide d'amour. Mes parents me regardaient comme un casse-tête ; je parlais peu, je restais souvent en retrait. J'aurais aimé qu'ils me racontent la vie de cette femme. J'appelais à l'aide, je cherchais par quel moyen me trouver. Karen m'a aidée. Elle était une force brisée qui résiste, un appel permanent à la poésie. J'écrivais des poèmes à l'âge où Karen noircissait ses carnets. Je me rêvais vétérinaire et princesse d'une arche de Noé quand Karen s'incarnait en dame africaine. Karen a accompagné mon enfance, puis mon adolescence ; elle est désormais celle en miroir de laquelle je me penche sur ma vie de femme. Nous parlons la même langue. Elle a mis des mots sur ma souffrance. Sur mes désirs, aussi. Elle m'ouvre le chemin, elle est mon guide. Karen, ma soeur Karen, ne vois-tu rien venir pour moi ?
Nathalie Skowronek, Karen et moi, p. 13-14, Arléa
